LES CONFIDENCES DE OUMAR BICHAÏR, CHEF DE CENTRE RÉGIONAL DU COMITÉ NATIONAL DE DÉSARMEMENT, DÉMOBILISATION ET DE RÉINTÉGRATION DE L’EXTRÊME-NORD

« Aujourd’hui, avec le nombre des ex-combattants et associés, le centre de transit est devenu étroit » 

Plus de 7 ans après le début effectif des exactions de la secte Boko Haram dans la Région de l’Extrême-Nord, les partisans de ce groupe terroriste déposent peu à peu les armes après l’offre de paix de son excellence Paul Biya. Déjà 1720 ex-combattants et associés de Boko Haram ont rejoint le centre de transit de Méri. Les redditions se multiplient et le centre devient de plus en plus étroit. Des redditions à mettre à l’actif des efforts des responsables locaux du CNDDR, à travers le chef de centre, Oumar BICHAÏR. 

Oumar BICHAÏR, Chef de centre DDR de l'Extrême-Nord

Magazine Fadjiri : Monsieur le chef de Centre Régional du Comité National de Désarmement, Démobilisation et de Réintégration (CNDDR) de l’Extrême-Nord, ça bouge de plus en plus du côté du CNDDR avec la reddition de nouveaux repentis de Boko Haram, qu’est ce qui peut expliquer cet exploit ?

Oumar BICHAÏR : Plusieurs facteurs font en sorte que les redditions sont nombreuses. La première est l’offre de paix du Chef de l’Etat à travers la main tendue à nos compatriotes qui ont rejoint le groupe Boko Haram. A côté de ceci, il y a la création du CNDDR, un cadre qui les accueille, bien entendu les ex-combattants, pour pouvoir revenir à la vie normale. Il y a aussi la désillusion et les promesses fallacieuses de Boko Haram qui n’ont pas été tenues. Arrivés en brousse, ils ont trouvé que ce qu’on leur promettait n’était pas vraiment ce à quoi ils s’attendaient. Aussi, il y a l’ouverture effective du centre de transit de Méri pour accueillir ces ex -combattant et associés qui y sont bien traités. Ils sont entièrement pris en charge.

A tout cela, s’ajoute un facteur un peu plus lointain, l’annonce de la mort du leader de Boko Haram, Shekau qui est aujourd’hui selon plusieurs sources à l’origine de ces redditions massives ces derniers temps. Tenez, depuis le mois de juin, précisément le 10 juin nous sommes à plus de 1720 qui se sont rendus, hommes, femmes et enfants. Je voudrais aussi m’arrêter à ce niveau pour dire que la particularité du Centre de l’Extrême-Nord est que les redditions se font par famille parce que les adeptes de Boko Haram quand ils partaient, ramenaient leur famille à leur côté pour rester en brousse. Raison pour laquelle nous parlons des ex-combattants et associés. Les ex-associés peuvent être les enfants qui n’ont jamais combattus mais ils étaient en brousse avec leur parent. Mais il y a aussi la bataille que les deux factions se livrent en brousse notamment la faction de Shekau annoncé pour mort et la faction qui aurait neutralisé Shekau. Mais moi je dis le facteur le plus déterminant c’est l’offre de paix du Chef de l’Etat, je pense que c’est ça qui est à l’origine de ces redditions.

Le Gouvernement vient de débloquer une somme d’un milliard de francs CFA pour la construction du centre de réintégration sociale de MEME, où en est-on avec les travaux sur le site ?

Je voudrais dire que nous sommes aujourd’hui dans un centre provisoire de Méri avec 1720 ex-combattants et associés. Mais depuis le 17 septembre 2021, 854 ex-combattants de nationalité nigériane ont regagné leur pays. Ils ont été convoyés à Banki à la frontière avec le Nigeria (Etat fédéré de Borno). Leur rapatriement a eu lieu par voie terrestre en présence du Gouverneur de la Région de l’Extrême-Nord, M. Midjiyawa Bakari et de M. Lawan Wakilbe, représentant du Gouverneur de l’Etat de Borno.

Précisons que les chiffres sont revus à la hausse tous les jours. Tous ceux des ex-combattants qui sont restés dans le Centre sont totalement pris en charge sur le plan sanitaire, vestimentaire, alimentaire. Au niveau du Centre de transit de Méri et ils y mènent des activités diverses, la couture, menuiserie, maçonnerie. Ce qui est plus important à nos yeux, nous avons pu ouvrir 2 salles de classe pour 258 enfants scolarisés. Nous avons d’ailleurs procédé il y a quelques semaines à la cérémonie de remise de bulletins de note à ces enfants.

C’est vrai nous sommes à Méri, un centre provisoire, mais il y’a 14 hectares de terre qui ont été mis gracieusement par le lamido de mémé à la disposition de l’état pour la construction d’un centre polyvalent qui va faire office du centre définitif de Mémé où les ex- combattants et associés vont pratiquer tout ce qu’il y’a comme atelier de formation.

Revenons à ces 1 milliards. Effectivement il est prévu un milliard pour la construction du dit centre. Les procédures ont commencé et nous pensons qu’avec un peu de temps, la pose de la première pierre va être effectuée et puis le centre verra le jour à Mémé pour le bien des ex-combattants qui vont y vivre décemment parce qu’il faut le dire, nous sommes à l’étroit à Meri. Aujourd’hui, avec le nombre de ces pensionnaires c’est devenu étroit. Nous n’avons pas l’intention d’y rester définitivement, c’est une structure ponctuelle qui a une mission également ponctuelle limité dans le temps. Et donc après ce processus nous pensons que les populations de la localité de Mémé vont profiter de ce centre polyvalent avec des différents ateliers.

En tant que Chef de Centre Régional quelle est la politique mise en place afin de permettre à la coordination du CNDDR d’atteindre pleinement les objectifs qui lui sont assignés ?

Nous les opérationnalisons sur le terrain avec les moyens qu’on met à notre disposition. Nous encadrons ces ex-combattants et puis nous nous préparons à la réintégration dans les communautés. Nous les préparons au centre pour revenir à la vie normale. Nous préparons aussi la communauté à les accueillir, à accepter le pardon à travers les sensibilisations, les ateliers que nous organisons à l’intention des leaders religieux et traditionnels. Il y’a aussi l’annonce par le Chef de l’Etat de la reconstruction de la région. Cela vise également à apaiser les inquiétudes des communautés qui vont recevoir les ex-combattants.

Vous encadrez depuis un certain moment les ex-combattants de Boko Haram y’a-t-il une date déjà prévue pour une réintégration effective des ex-combattants dans les communautés d’accueil ? faudra-t-il encore attendre des années ?

Pas attendre des années. En réalité, c’est le centre qui sera construit à Mémé qui va pouvoir donner la chance à ceux qui seront là encore pour leur réintégration véritable. C’est là-bas qu’on va construire un centre avec tous les ateliers, dortoirs aménagés et blocs administratifs. Donc c’est tout un centre de formation. Mais leur réintégration c’est au bout de cette réhabilitation qui ne se passe pas au centre mais dans les communautés de leur choix. Parce qu’il faut préciser que c’est l’ex-combattant qui choisit là où il va s’installer. Donc si un ex-combattant désire rester à Maroua il va rester à Maroua. La raison c’est qu’aujourd’hui il y a des villages complètement rasés donc s’il y a un ressortissant d’un village rasé il s’installe ailleurs. En même temps pour d’autres raisons, certains ex-combattants peuvent choisir de rester hors de leur localité c’est pour ça que les standards internationaux prévoient que les réintégrations se passent dans leur communauté de choix. Donc le centre de Mémé c’est pour très bientôt.

Propos recueillis par Nicole MASSAÏ.

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